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La ville sur l’eau va-t-elle boire la tasse ou surfer avec succès ?

Publié le 24 mai 2022 · Temps de lecture estimé 5 minutes
ville flottante sur l'eau
ville flottante sur l'eau
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« C’est un double constat alarmant : il n’y a plus de place sur Terre pour accueillir tous les logements et la montée des eaux est imminente. » Lu il y a 15 ans déjà dans un article toujours visible en ligne, ce véritable appel au secours confirme que la presse n’est jamais avare d’effets catastrophes pour attirer l’attention du lecteur (même s’il s’agit d’éveiller les consciences). Car, en 2022, non, la Terre n’est pas encore submergée à la façon d’une Venise régulièrement menacée par la montée de ses eaux. Oui, mais « faut s’inquiéter quand même », avertissent bien des experts, le GIEC en tête.

C’est ainsi que la ville sur l’eau, bien que pas encore tout à fait née, est entrée dans les esprits d’architectes, de mégapoles au foncier sur densifié, ou encore d’Émirats richissimes. Alors, la ville sur l’eau est-elle un énième délire qui boira vite la tasse ou véritable renouvellement de la ville devenue aquatique ?

Les côtes ont la cote

Dans moins d’un siècle, la population mondiale aura atteint 11 milliards d’êtres humains. Autant de corps et d’âmes qui devraient vivre essentiellement près des côtes, pronostique-t-on, fort d’un constat : les hommes et femmes aiment de plus en plus se déporter sur les littoraux, le Grand Ouest en tête. Si des villes comme Rennes ou Nantes, s’en réjouissent, gagnant ainsi quelques places dans le top 10 des grosses villes françaises, des esprits pointent cependant que la montée du niveau des mers et des océans pourrait poser problème.

Hé oui ! Migrer du centre de la France vers les côtes de son choix, c’est bien mais il ne faudrait pas oublier que la Terre se débat dans le même temps avec un petit caillou dans la chaussure appelé réchauffement climatique. Autrement dit, y’a pas que la plage dans la vie … y’a aussi des tsunamis !

Résider les pieds dans l’eau ne date pas de demain

Plutôt que de se laisser submerger par cette sombre prédiction, certains ont décidé de prendre le problème à rebours : autrement dit, habiter les pieds dans l’eau (pour mieux observer le désastre en face). Trêve de cynisme, nous souhaitions juste rappeler que la ville sur, ou dans l’eau, ne date tout de même pas de … demain. Doit-on vous rappeler Venise, emblématique en la matière ? Annecy, surnommée la « Venise des Alpes » ? Amsterdam ? Bruges ? St-Pétersbourg ?

Prenons encore les exemples des Sea Trees et autre Green star, hôtel flottant au large des Maldives, ou encore Lilypad, cité flottante pour réfugiés climatiques. Autant d’îles flottantes toujours très esthétiques en 3D, parfois en cours de réalisation, le plus souvent encore en attente d’un commanditaire. Car ces projets ont un coût qui se chiffre en milliards.

 

Un projet de cité flottante en Corée du Sud prometteur

Prenons maintenant un vol pour Busan, ville sud-coréenne. Cette métropole majeure, notamment dotée du plus grand port du pays, est un pôle d’importance pour l’industrie et l’innovation. Elle a été choisie pour accueillir un projet pilote : une cité flottante unique en son genre.

Dévoilée par les Nations Unies, le groupe Samsung et la mairie de Busan, ce projet conséquent s’appuie sur l’expertise dédiée d’une entreprise américaine, OCEANIX dont le slogan clame : Humanity’ next frontier. Rien que ça ! Pourtant, leur approche est disruptive : construire le tout premier prototype de ville entièrement flottante, mais aussi durable. Autrement dit tout sauf un gadget rutilant mais bel et bien une ville insubmersible « qui s’élève avec le niveau de la mer », complètement autonome « en produisant ses propres ressources ».

 

  • Les habitations seront rassemblées en un quartier « qui fonctionnera comme une seule et même unité fonctionnelle indépendante et autonome ». A noter que chacun d’entre eux pourra abriter environ 12 000 résidents sur une surface de 6,3 hectares.

  • Qu’en est-il de l’énergie ? Produite au moyen de panneaux photovoltaïques, le cas échéant directement intégrés aux structures des bâtiments, ou fournie par des fermes solaires flottantes attenantes à la ville.

  • L’approvisionnement en eau ? Géré à l’échelle individuelle. Car ici le résident est res-pon-sa-ble. A charge pour lui d’extraire et de traiter son propre stock d’eau. Va-t-il puiser avant de désaliniser ? On ne sait pas encore…

  • L’accès à la nourriture ? « Tous les citoyens contribueront à un même système innovant d’agriculture urbaine ». Hum, on sent que sur ce point, c’est encore à éclaircir.

 

Alors, encore un #EffetWouah ? Peut-être… mais la différence ici est qu’il s’agit de l’un des tous premiers prototypes qui fait appel à la responsabilité collective. Fini les pieds en éventails sur le transat de cet hôtel flottant 5 étoiles : si on souhaite vivre sur l’eau en Corée du Sud, on se bouge pour la planète. Et ça, c’est innovant.

Mais l’espèce humaine du 3ème millénaire est-elle mûre pour habiter des néo-archipels ? Seul l’avenir le dira. Une question nous taraude : pourquoi ces projets sont-ils essentiellement envisagés dans quelques régions du monde seulement, entre Moyen-Orient et Sud-Est asiatique ? Question de budget ? De courage politique ? De procrastination ?

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Catégories : A la une • Construction durable

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