Accueil E Construction durable E Du jean dans nos maisons !

Du jean dans nos maisons !

Publié le 9 août 2022 · Temps de lecture estimé 6 minutes
frigo en jean de la marque Smeg
frigo en jean de la marque Smeg
Partager

« Chéri, tu n’aurais pas vu mon jean ? » « Regarde sur le frigo ! » Surréaliste ? Assurément ! Et pourtant, tout ceci est vrai : plus que jamais le recyclage est à l’œuvre, de la chute de bois au denim… aujourd’hui, on puise aux racines mêmes du biosourcé ! À l’image de ce réfrigérateur Smeg tout de denim vêtu.

Vous avez déjà entendu que la filière textile est régulièrement dénoncée car grosse consommatrice en eau dans ses process dès lors qu’elle a recours au coton. « Il faut absolument trouver autre chose » s’insurgent tous les ayatollahs brandissant volontiers des tee-shirts tissés en bouteilles plastiques ou en filet de pêche ! Rien de plus simple dès lors que les deux sont fabriqués en PET (Polyéthylène Téréphtalate), l’un des polymères les plus faciles à recycler.

Mais quid des tonnes de denim fabriqués, portés puis abandonnés après avoir moulé des millions de fessiers rebondis ? Indice : ils intègrent nos maisons, comme isolation ou encore nos meubles !

Le jean se réinvente comme matériau de construction

Le jean est bien décidé à se réinventer et pas seulement via les mains expertes de jeunes créateurs de mode qui trouvent là un sourcing bon marché. Car le denim a non seulement tapé dans l’œil des professionnels et des designers mais il est aussi tombé entre leurs mains, les deux ayant eu vite fait d’en isoler tout un potentiel.

C’est ainsi que notre bon vieux jean, dès lors qu’il est tout coton, devient un super isolant thermique et acoustique, biosourcé à 85% dans son taux maximum. Proposé sur le marché de la construction en large panneaux, il est principalement à destination du bâtiment, qu’il s’agisse d’habiller des combles, des murs ou d’opérer l’isolement vis-à-vis de bruits de voisinage.

Les avantages du jean comme isolant

  • En termes de durabilité : par ses propriétés mécaniques, le coton ne se délite pas. Sa résistance au temps est garantie par des tests de vieillissement.
  • En termes de performance : le coton offre une résistivité thermique élevée et constitue LA référence de l’absorption acoustique.
  • En termes de confort : le coton est un produit sain, naturel, respectueux de la santé des habitants et de l’environnement (en plus d’une pose rapide, facile et sans irritation !)

Mais ce denim est à même de séduire, dès lors qu’il est non plus dissimulé, mais intégré dans l’architecture d’intérieure. Brute, délavée, usée avec chic, plus ou moins claire ou foncée, la toile habille ainsi mobilier comme luminaires, accessoires ou bureaux… Convenu en rideaux ou couettes, reconnaissons qu’il en jette pas mal aussi sur un desk d’entrée ! Même le géant suédois se targue d’un partenariat pour recycler le jean dans ses meubles !

Le biosourcé, matériau d’avenir

La ouate de cellulose

« De toutes les matières
C’est la ouate qu’elle préfère.
Passive, elle est pensive en négligé de soie (c’est la ouate) »

Qui l’eut cru ? Chanté avec langueur par Caroline Loeb en 1986, ce tube était précurseur ! La ouate de cellulose est en effet elle aussi parée de bien de vertus.

Obtenue à partir de papiers recyclés qui ont reçu des traitements pour garantir la résistance au feu, empêcher la formation de moisissures et la venue de rongeurs, sa composition en fait un isolant biosourcé qui associe forte perméabilité à la vapeur d’eau et une bonne régulation de l’humidité. Combles, sous-rampants, planchers, dalles… Proposée en panneaux ou soufflée, ses usages sont nombreux. De quoi saluer ici comment une entreprise bretonne s’est très vite distinguée en la matière.

Le chanvre

Et puisque nous évoquions à l’instant la technique du « soufflage », d’autres isolants toujours biosourcés procèdent de la même façon : tel cet enduit à base de chaux et de chènevotte. Comment ça, vous ne connaissez pas la chènevotte ? Hé bien, sachez que la chènevotte est issue de la tige du chanvre !  Sur mur intérieur ou extérieur, en rénovation comme en neuf, cette solution renforce l’isolation et l’inertie thermique, apporte une régulation hygrométrique, contribue au confort acoustique et…corrige tous défauts de planimétrie de l’ancien.

Le chanvre s’utilise même en parpaings. Plus exactement des blocs non porteurs d’isolation thermique et phonique, régulateurs hydrique (c’est-à-dire perméables à la vapeur). Le secret de sa mixture ? Des copeaux de chanvre à 80% et un mix de chaux aérienne et hydraulique.

La chaux

La chaux qui semble bien en train de s’imposer comme liant ou sous enduit : citons par exemple ces panneaux en fibre de chute de bois PEFC (programme de reconnaissance des certifications forestières portée par une ONG), dédiés aux supports maçonnés et ossatures bois pour une isolation thermique par extérieur, associés à un sous-enduit à la chaux aérienne.

Fibres ligneuses et chutes de bois… Néo-laines naturelles… Chaux et terre cuite… Usages en extérieurs et intérieurs… N’en jetez plus !

Maçonnerie, isolation, panneaux prêts à poser ou technique de la projection-soufflage : le biosourcé ne manque donc pas d’ingéniosité et de ressources !

Qui aurait pensé que la pomme sauterait de la coupelle à fruits à notre canapé (mais pas à cause des enfants) ? Derrière cette idée, la diva du design : Philippe Starck qui après Eve, a décidé d’en croquer pour la marque italienne Cassina, via l’Apple Ten Lork, un cuir de pomme décliné en canapés !

Plus fort encore : le champignon est lui aussi objet de tout l’amour des chercheurs ! Dans une étude publiée dans la revue scientifique de référence Nature Sustainabilitydes chercheurs de l’Université de Vienne (Autriche) ont ainsi utilisé les mycètes (véritable nom des champignons) pour créer un matériau équivalent aux cuirs d’origine animale, une alternative plus éthique et plus écologique. Car c’est bien de cela dont il s’agit. Pour l’heure « testé » par un grand nom français de la sellerie de luxe, n’en doutons pas : si les mycètes font leurs preuves, ses applications évolueront !

Entre low-tech (oui à une « frugalité heureuse » via le (ré)emploi de ressources bas carbone) et high-tech (la biotechnologie est la nouvelle hype), jouant de mises en œuvre renouvelée tout autant que de la créativité, le biosourcé et géosourcé sont bien partis pour s’imposer et prendre le relais du ciment et autres aciers !

Partager
Catégories : Construction durable • Tendances

Tous les articles récents