Dans un précédent article (que vous n’avez sans doute pas manqué de dévorer), nous évoquions la notion de plus en plus prégnante de l’économie circulaire dans le secteur du bâtiment : ou comment (re)bâtir à partir de l’existant, en s’emparant de nouveaux process de construction.
Mouvement de fond, reconnaissons-le, qui porte déjà un nom dans le prêt-à-porter (le vintage) et qui se met aujourd’hui à pousser les portes des commerces et des hôtels qui voient là une manière de marquer leur empreinte (tout sauf carbone). Mais aussi l’esprit de leurs clients.
Seconde main, upcyling … l’économie circulaire au service des commerces et des hôtels
Récemment, nous étions appelés à découvrir un concept d’hôtel naissant en pointe bretonne, après avoir déjà séduit la clientèle sur d’autres territoires, dont l’argumentaire n’a pas manqué de retenir toute notre attention : « notre concept répond à une prise de conscience dans une société où le consommateur adopte une nouvelle façon de consommer plus responsable, inspirée par l’économie circulaire et la tendance « seconde main », et où le recyclage a un rôle essentiel. Nos hôtels ont pour ambition de donner une seconde vie à tout ce qui les entourent et fonctionnent selon un cercle vertueux RRR : réduction, réutilisation, recyclage. Aussi, l’upcycling est l’un des piliers fondateurs des hôtels, et chacun est équipé de mobilier de seconde main ou upcyclés. »
La seconde main ou encore l’upcycling : telles sont ici les deux mamelles auxquelles entendent puiser les promoteurs de cette franchise qui ont su capter l’air du temps. Dans une époque où la fast fashion est de plus en plus critiquée au nom de cadences de productions jugées inappropriées face aux réels besoins et enjeux environnementaux.
Et si la génération de baby-boomers, biberonnée au développement tout azimut peut encore avoir du mal à se départir de réflexes ancrés, la jeunesse contemporaine semble bien décidée pour sa part à tacler la précédente : « un projet cohérent, dans l’air du temps et en accord avec mes valeurs, tel est le sens de ma démarche » nous confiait cette jeune femme de 26 ans, entrepreneuse de l’hôtel précité.
Une déco éco-animée
Même approche constatée dans nos centres-villes, de magasins en restaurants, où la récup’ s’impose, et pas seulement dans les boutiques de déco opportunistes. De quoi ouvrir une parenthèse : jouer de la récupération, fusse à titre vertueux, se doit d’être accompagné de dextérité :
- En premier lieu, cela ne doit pas s’entendre comme un exercice en forme de pléonasme. Ou de pure redondance. Il est bien plus astucieux et talentueux de signer une déco avec des pièces vintages… pas forcément attendues dans son univers ! On pense à ce café-discut’ repéré à Rennes qui a opté pour des sofas et fauteuils en velours et franges, on ne peut plus seventies. Et que l’on se serait davantage attendu à voir dans une boutique-boudoir-girly ? Trop facile ! Trop évident !
- En second lieu, la récup’ ça n’est pas que du formica ou du mobilier années ’50 aux lignes pures mais déjà trop vu. On frise l’overdose de bois blond ! Chacun est libre de récupérer ce qu’il veut, en s’en allant baguenauder dans des décennies moins convenues, mais toujours avec « un œil ». Cher lecteur, tu as déjà été avisé ici dans un autre article : rien de pire que la paresse. Chiner oui ! Poser platement les choses, non !
Un exemple pour votre hôtel : on gardera le haut d’un vaisselier rustique pour mieux le mettre en valeur sur un bahut d’esprit industriel. Et si on aime les bergères héritées de sa tante Marie, on ne les présentera pas forcément « dans leur jus » mais on dégagera un budget tapisserie pour les twister. Démarche vertueuse + talent créatif = un lieu à forte i-den-ti-té. CQFD.
Conclusion : faites comme votre DJ préféré : rendez hommage aux classiques mais en les mixant ! Et apportez votre touche artistique.
