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Le design actif ? « Bouge (toi) de là ! »

Publié le 19 septembre 2022 · Temps de lecture estimé 5 minutes
design actif exemple
design actif exemple
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En cette rentrée, nous avons découvert « Tout commence avec le corps », essai dans lequel son autrice, Lucy Vincent, neurobiologiste de formation, pointe : « la vie confinée dans les bureaux, la station assise pendant des heures, la sédentarité (…) nous éloigne de notre corps. » Avec de sérieux dommages collatéraux. Et l’autrice de nous encourager à nous remettre fissa « dans le sens du mouvement ». Plutôt collectif. Et de danser, taper dans un ballon, faire de faire de la rando…

Soit une question de (bonne) santé sur laquelle le design actif se penche lui aussi à sa manière. Le « design actif » vous avez dit ? On vous explique tout. Ou quand l’urbanisme se met lui aussi à vouloir nous « décoincer ».

Au détour des années 1980, que l’on ne saurait réduire aux costumes à épaulettes et au premier Top Gun, les USA sonnent l’alarme : les golden boys de Wall Street, comme les autres masses laborieuses, sont de plus en plus vissés à leur fauteuil, le plus souvent penchés, yeux plissés vers leur écran d’ordinateur. Nous avons déjà eu l’occasion ici de défendre la variation des positions à son poste de travail, voire de marcher pour mieux penser, en vue de « réanimer » aussi bien son corps que son esprit.

Le design actif est un concept visant le même objectif (favoriser la mobilité), mais cette fois-ci, à une autre échelle : celle de la ville, qui entend elle aussi favoriser un mode de vie physiquement actif auprès ses habitants en s’appuyant sur des outils d’aménagement urbain. Ainsi, l’activité physique est placée au cœur des séances de brainstorming réunissant urbanistes, architectes, équipementiers ludiques/sportifs, ingénieurs spécialistes de la mobilité, professionnels de santé publique.

Mais que vise le design actif exactement ?

  • La libre utilisation
  • La mixité et l’inclusion
  • L’incitation
  • L’approche usager
  • La qualité urbaine

Quoi qu’il en soit, on peut ici parler d’une vraie philosophie de conception qui entend bien aménager et concevoir l’espace public en vue d’y faciliter des choix jugés sains. Fini les ascenseurs ? On sent que certains grognent déjà à l’idée de devoir se « retaper » 3 étages à pied …

La ville, nouvelle terre de jeu(x) ?

Des Chemins de la forme® de Biarritz (mobilier urbain, animation ludiques et sportives) en passant par les bords de vienne à Limoges (mobilier urbain, végétalisation) ou encore le mail François Mitterrand à Rennes, qui alterne sur plus de 750 mètres des tracés ludiques (marelles, palet breton, etc.), les exemples et initiatives du design actif urbain commencent à fleurir dans l’hexagone.

À l’image de Paris 2024, qui, dans le cadre de l’accueil des JO 2024, s’engage à faire bouger toute la population en publiant le premier guide opérationnel du design actif à destination des collectivités labellisées. « En incitant à de nouveaux usages de l’espace public, plus actifs et intégrés aux patrimoines, le design actif agit en cela comme élément de polarisation autour du centre-ville, assurent l’ANCT et Paris 2024 (1). Véritable outil d’urbanisme tactique, c’est aussi une manière de rendre la ville à ses habitants, dotant ainsi le cœur de ville d’une attractivité nouvelle, par l’usage et non la consommation. » 

Notons cependant si la prochaine édition des JO est déjà saisie à cette fin de « bouger son corps », le concept entend largement dépasser la stricte arène d’un stade et de ses tribunes ! Encourager la réappropriation dynamique de l’espace public par tout un chacun, toutes générations confondues, c’est favoriser l’accessibilité, la mixité des usages, tout en se montrant imaginatifs mais aussi frugales. Premiers visés : les enfants et les ados. Qui mieux en effet que ces générations pour prendre d’emblée de bons réflexes et laisser tomber les écrans ? Les écoles et collectivités s’attèlent ainsi tout à la fois à rendre ludique les espaces, à revoir le mobilier urbain sur un parvis par exemple, à envisager la « piétonisation » sur telle zone, à prévoir des espaces qui donnent envie d’y venir, de s’y arrêter, d’échanger …

Le design actif en exemples concrets

  1. Le Superkilen à Copenhague – ©Iwan Baan
  2. Front de mer de Calais réhabilité en 2020 et projection de coloration Terre de Jeux 2024 – ©Fred Collier
  3. Un terrain de sport par l’artiste Toc toc à Bourges – ©Ville de Bourges, Bénesté, 2021

De quoi revenir à présent sur ce point essentiel que notre neurobiologiste, citée en ouverture, martèle volontiers dans son interview : « La sédentarité est un vrai poison car notre corps envoie de mauvais messages au cerveau ! ». Et de défendre que s’activer de bas en haut ne fait que favoriser de bonnes connexions neuronales.

De quoi comprendre que si tu te bouges, tu dérouilles tout à la fois tes muscles et gagne en plasticité cérébrale : (re)musclé.e et moins bête ? Qui a envie de dédaigner cette… piste ? Go !

(1) L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et Paris 2024 ont signé début 2021 une convention pour mailler le territoire avec pour enjeu de faire des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 un vecteur d’attractivité et de développement des collectivités. Deux outils sont mis à disposition de manière croisée : le programme Action Cœur de Ville et le label « Terre de Jeux 2024 ».

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Catégories : Tendances

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